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L’usage du mot « anarchie » chez Bakounine
René Berthier
Article mis en ligne le 29 octobre 2009
dernière modification le 7 février 2014

De l’usage du mot « anarchie »

chez Bakounine

Le mot « anarchie » inventé, un peu par provocation, par Proudhon, qui avait étudié les langues anciennes et prenait ce terme au sens étymologique, a été contesté au sein même du mouvement dit « anarchiste ». Michel Bakounine se qualifiait surtout de « socialiste révolutionnaire » ou de « collectiviste », et très accessoirement d’« anarchiste ». En 1906, des théoriciens en vue du mouvement anarchiste espagnol proposent de renoncer au vocable anarquia, que le public interprète mal.

« Dans toute langue le sens donné au mot par l’usage est prépondérant, et créer une telle confusion, c’était créer l’anarchie au sens traditionnel du terme. Car dans l’ensemble, l’opinion publique ignorant la fantaisie de Proudhon ou refusant de s’y soumettre a conservé le sens négatif attribué au mot anarchie, et depuis 1840 les anarchistes se sont battu les flancs pour lui faire admettre ce qu’elle ne voulait pas. Et nous nous sommes placés ainsi, pour nous être obstinés à déformer le sens d’un mot contre la volonté générale, en dehors de l’esprit public. » [1]

Pierre Kropotkine écrit que le parti de Bakounine « évitait même de se donner le nom d’anarchiste. Le mot an-archie (c’est ainsi qu’il s’écrivait alors) semblait trop rattacher le parti aux proudhoniens dont l’Internationale combattait à ce moment les idées de réforme économique. » [2]

[*Suite du texte dans le document joint*]