Radio libertaire. – « Les Chroniques du nouvel ordre mondial » (1997)
La Corée du Sud entre dans la cour des grands
Article mis en ligne le 2 décembre 2009

La Corée du Sud est un pays dont le produit intérieur brut par habitant en 1960 était équivalent à celui du Tchad ou du Soudan (100 $) et qui en 1990 (avec 5 440 $) dépasse celui du Portugal. A titre d’illustration : PIB par habitant de la Yougoslavie (avant la guerre) : 2 490 $ ; du Portugal : 5 073 $ (France : 19 650 $). C’est donc un cas qui suscite bien des débats, chez les libéraux qui en font un exemple, et chez les tiers-mondistes qui y voient une confirmation de leurs thèses .

On a là l’exemple de pays du tiers monde qui a suivi une évolution spectaculaire qu’il serait intéressant d’analyser. En effet, du point de vue du modèle libéral véhiculé par toutes les institutions financières internationales, il constitue l’exemple même de ce qu’il ne faut pas faire. Or la Corée du Sud ne s’inscrit pas dans le schéma de la dépendance qui définit l’ensemble des pays du tiers monde. On peut donc s’intéresser aux raisons de cette situation.

La croissance économique coréenne est le résultat d’une volonté nationale, d’une planification, réalisées par un Etat très interventionniste, le tout se réalisant à l’abri d’une forte protection à la fois aux produits, aux investissements étrangers et à la culture étrangère et d’un contrôle des investissements étrangers. Or l’une des caractéristiques des rapports dominants entre métropoles impérialistes et pays de la « périphérie », rapports qui sont formulés par les grandes institutions internationales, est la suppression de toute entrave à la pénétration du capital.

On voit à quel point la Corée a su développer une forme de capitalisme national – il y a même des multinationales coréennes – en mettant en œuvre une politique totalement contraire aux injonctions des organisations internationales qui se font les garants du nouvel ordre libéral. Le caractère « autochtone » du capitalisme coréen doit cependant être relativisé dans la mesure où les capitaux américains, puis japonais, ont été un élément déterminant du « miracle » coréen. Politiquement et militairement, le pays reste largement tributaire de l’influence de l’impérialisme américain.