Bakounine contre l’insurrectionalisme
Article mis en ligne le 9 mars 2015

par Eric Vilain

Lors du congrès international de Saint-Imier qui s’est tenu en sep-tembre 1872, les fédérations de l’AIT rejetèrent les décisions du congrès de La Haye qui venait de se tenir, et décidèrent que l’Internationale allait continuer, mais sur de nouvelles bases. Ce fut un éclatant succès pour le courant fédéraliste ; malheureusement ce succès ne dura pas ; des germes de dissensions, qui avaient été conte-nues jusqu’alors, apparurent progressivement au grand jour, révélant que l’AIT « antiautoritaire » était divisée en un courant qu’on pourrait qualifier de pré-syndicaliste révolutionnaire, avec James Guillaume notamment, et un courant pré-anarchiste avec principalement les mili-tants italiens.
Pour expliquer la réorientation suivie par le mouvement, il est difficile de faire la part entre la répression subie par le mouvement ouvrier à la suite de la Commune, la disparition de la génération de l’époque héroïque de l’AIT, l’émergence d’une nouvelle génération plus pressée et moins cultivée, et des conditions nouvelles créées par la concentration de l’industrie, l’apparition massive du machinisme. Il faut également tenir compte que de nombreux militants pensaient réellement que la révolution était proche et que pour réveiller les masses apathiques, il fallait leur donner un coup de pouce.