UN VOYAGE CAPITAL POUR LA CNT. PESTAÑA DANS LA RUSSIE RÉVOLUTIONNAIRE
Maria-Cruz Santos

Maria-Cruz Santos est titulaire d’un doctorat en histoire contemporaine de l’Université centrale de Barcelone, en Espagne. Elle a travaillé comme professeur d’histoire dans le secondaire et le supérieur. Elle a écrit des articles sur l’anarchisme et les révoltes sociales et a participé à des congrès sur l’archéologie et l’histoire industrielles.

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Article mis en ligne le 24 février 2022

par Eric Vilain

Les travailleurs espagnols accueillirent la nouvelle de la chute du Tsar
avec jubilation. Ils ont immédiatement pensé que la fin de la monarchie
russe avait été un triomphe du peuple et, pensaient-ils, que les privilèges de
classe prendraient bientôt fin. Au sein de la CNT, l’un des syndicats les plus
importants et à la croissance la plus rapide dans les mois qui avaient
précédé, cette fascination était plus forte chez les militants de base que chez
les dirigeants. Les écrits publiés saluaient un mouvement qui, selon leurs
auteurs, devait nécessairement aboutir à une société libertaire, et c’est
quelque chose qui m’a surpris lorsque j’ai parcouru les journaux car, dans
leur euphorie, ils tenaient pour acquis que la seule révolution possible était
celle dont ils rêvaient, une révolution qui conduirait à l’acratie2. En
revanche, un nombre important de dirigeants et de journaux se montrèrent
beaucoup plus prudents, même si l’on considère la tendance la plus
anarchiste représentée par Tierra y Libertad. Si la réaction à la révolution de
février fut quelque peu ambivalente, quand survint celle d’octobre, nous
pouvons dire qu’elle fut véritablement prudente.