Il ne s’agit plus d’un Congrès, avec des délégations internationales dotées de mandats impératifs, venues signer des résolutions, mais d’un festival en libre-service où chacun musarde à son gré, en touriste politique. Il n’y aura pas de déclaration finale sur la guerre en Ukraine par exemple, ni sur le réarmement international, ni sur la guerre mondiale faite à la nature, ni – surtout – sur la révolte des femmes iraniennes contre le port du voile et la dictature islamiste.
L’événement a nécessité 250 000 euros de budget et des centaines de bénévoles. La Fédération anarchiste a beaucoup œuvré à sa préparation, financièrement (au moins 10 000 euros) et humainement, notamment aux postes ingrats comme la comptabilité ou les poubelles. C’est elle aussi qui a financé la venue d’interlocuteurs taïwanais ou philippins, dont la présence et l’envie d’assister à cette réunion en Suisse excédaient leurs moyens propres.
Si la F.A. fournit de l’argent et de la main d’œuvre, elle n’est pas l’organisatrice officielle. La programmation est « fluide », ou « horizontale », ou « auto-régulée » (comme on dit en cybernétique). Du moins vue de l’extérieur. Chacun peut proposer un workshop sur le sujet de son choix et sur une plateforme numérique ; puis, un groupe d’organisateurs lui attribuent un créneau, un lieu, et voilà.
La malheureuse Fédération anarchiste (paye, bosse et ferme ta gueule), se trouve déjà attaquée à plusieurs reprises au sein du comité de coordination, avant même le début des Rencontres, à cause de son opposition à l’idéologie antispéciste. Lors des Rencontres de 2012, la querelle tournait déjà autour des régimes alimentaires des uns et des autres, et des « antispécistes » s’étaient déjà livrés à des agressions physiques. On aurait pu s’attendre cette année à des conflits sur la question « trans », si médiatique ces derniers mois. C’est au nom de la religion, cette fois, que les queers attaquèrent physiquement et autrement les membres de la F.A.