Stirner. – Individu et société
Article mis en ligne le 13 octobre 2023

par Eric Vilain

Stirner n’est pas un anarchiste, il n’est pas non plus un individualiste. Il n’en reste pas moins un représentant essentiel de la postérité de Hegel et c’est à ce titre-là qu’il mérite d’être étudié. Ce qui fonde la critique stirnérienne est la liquidation de tout ce qui est sacré parce que c’est là une source d’asservissement ; non seulement la religion en tant que telle, mais aussi toute idéalisation : le bien, la liberté, l’amour etc. On le voit donc mal sacraliser l’individu. Sa préoccupation, c’est son individualité.

Les générations d’anarchistes dits individualistes qui ont pris l’« égoïste » de Stirner à la lettre ont fait un contre-sens. Pour Proudhon et Bakounine, la société est la condition du développement de l’individualité ; pour Stirner, l’individualité un état qui se conquiert contre la société. Ce sont deux approches radicalement opposées. En fait, Stirner mériterait d’être classé comme précurseur de la psychanalyse.