Le concept quelque peu flou et imprécis dʼ“ultra-gauche”, qui désigne des courants révolutionnaires marxistes se situant à la gauche du trotskysme, a été assimilé à un courant qui entendait réviser lʼhistoire du génocide des Juifs, ou qui entendait en nier lʼexistence. Les partisans de la révision ou de la négation de cette histoire constituent une dérive qui représente une infime minorité de ce courant, mais dont lʼimportance a été amplifiée par les médias. Cʼest pourquoi il me paraît nécessaire de préciser quʼil faut bien distinguer entre un courant révolutionnaire parfaitement “honorable”, si je puis dire, et une infime minorité de ce courant qui sʼest engagée dans des fantasmes de négation de lʼhistoire.

Il faut aussi distinguer entre les groupes dʼ“ultra-gauche” dʼaujourdʼhui qui ne forment que des petits noyaux dʼindividus, et le courant historique issu dʼune critique de la révolution russe et qui a représenté un réel mouvement de masse dans les années 1920, auquel était attaché des théoriciens dʼune immense valeur tels que Anton Pannekoek, Karl Korsch, Herman Gorter, Amadeo Bordiga, Otto Rühle, Paul Mattick, Helmut Wagner, Henk Canne-Meijer, David Wijnkoop, Sylvia Pankhurst (et bien dʼautres).