MARX : Références explicites à la société sans Etat
René Berthier

Source :
Extrait de « Essai sur les fondements théoriques de l’anarchisme » :
http://monde-nouveau.net/IMG/pdf/-_Essai_sur_les_fondements_theoriques_de_l_anarchisme_-.pdf

Article mis en ligne le 8 août 2011
dernière modification le 9 mars 2023

par Eric Vilain

Références explicites à la société sans Etat

(Le texte qui suit est un chapitre répondant à la thèse de Maximilien Rubel sur Marx « théoricien de l’anarchisme.)

De quoi est donc fait l’anarchisme de Marx, en quoi a-t-il jeté « les bases rationnelles de l’utopie anarchiste » et en quoi en a-t-il défini le « projet de réalisation » ? On sait que grâce à Marx, l’anarchisme s’est enrichi « d’une dimension nouvelle, celle de la compréhension dialectique du mouvement ouvrier perçu comme auto libération éthique englobant l’humanité tout entière » (sauf peut-être les « nations réactionnaires » relevées par Engels). Nous ne nous attarderons pas à tenter de comprendre ce qu’est la compréhension dialectique du mouvement ouvrier, ni l’auto libération éthique englobant l’humanité tout entière. Nous nous contenterons d’essayer de repérer les références explicites à la société sans Etat que Marx a pu faire dans son œuvre.

Il y a certes chez l’auteur du Capital des critiques de l’Etat, mais la critique de l’Etat en elle-même ne définit pas l’anarchisme. Il y a des textes où Marx fait une critique radicale d’un type déterminé d’Etat mais la critique de l’Etat en tant que principe reste très limitée.
– Dans le tome I des Œuvres complètes de Marx des éditions de la Pléiade établies et annotées par Maximilien Rubel, on trouve 7 références à l’abolition de l’Etat dont 3 sont des notes de Rubel.
– Dans le tome II, il y a 4 références dont 3 dans les notes.
– Dans le tome III (Œuvres philosophiques) il y a une référence de Marx à l’abolition de l’Etat, deux notes de Maximilien Rubel, et un passage dans l’lntroduction où Maximilien Rubel nous dit que la « vision d’une société non politique » chez Marx s’est exprimée à travers la revendication de la démocratie représentative, c’est-à-dire... le parlementarisme.

– Dans le tome I (Œuvres politiques), une phrase, dans les appendices, d’un texte de 1850 définit succinctement, mais très justement, le sens de l’abolition de l’Etat : « L’abolition de l’Etat n’a de sens que chez les communistes, comme conséquence nécessaire de l’abolition des classes, avec lesquelles disparaît automatiquement le besoin du pouvoir organisé d’une classe de rabaisser les autres classes. » (Page 1078-1079.)

La rubrique « abolition de l’Etat » de l’index des idées renvoie à un passage (page 634) où il est question du « renversement du pouvoir d’Etat existant », ce qui ne saurait s’inscrire dans une perspective anarchiste. Les autres références à l’anarchisme ou à l’abolition de l’Etat sont contenues soit dans l’Introduction de Maximilien Rubel soit dans ses notes.

Sur plus de 6 000 pages, il y a donc 7 références directes de Marx à l’abolition de l’Etat (dont une d’Engels, d’ailleurs), en des termes vagues, et qui constituent un matériel bien mince pour conclure que Marx est un « théoricien de l’anarchisme ».

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