Répression antisyndicale et anti-anarchiste en France de la fin de la Commune à la Grande guerre (Seconde partie)
René Berthier
Article mis en ligne le 12 décembre 2014

par Eric Vilain

On tient pour acquis que l’écrasement de la Commune de Paris a provoqué dans le mouvement ouvrier un traumatisme terrible dont il a eu beaucoup de mal à se remettre, et que ce traumatisme aurait été à l’origine des attentats anarchistes. Il n’est pas contestable que la répression fut effroyable et qu’elle provoqua un traumatisme, et que la réaction triomphante se montra ensuite implacable. On ne peut pas remettre ce constat en doute. Un climat de terreur s’était abattu sur le mouvement ouvrier, d’autant que le 14 mars 1872 avait été e votée la « loi Dufaure » qui punit de peines sévères tout individu membre de l’Internationale. Cependant, on s’aperçoit à l’examen qu’il n’a fallu à la classe ouvrière parisienne que deux ans pour réapparaître, timidement certes, mais de façon effective, et que rien ne put ensuite empêcher le renforcement de ses organisations.
Cette première période, qui s’achève vers 1890, connut de nombreuses luttes ouvrières :
Michelle Perrot 1 recense dans la période 1871-1890 2923 grèves.
Les grèves furent tout d’abord le prolongement des luttes engagées sous le Second empire, un peu comme si on reprenait les choses là où on les avait laissées. Puis il y a entre 1873 et 1877 une période difficile sous l’Ordre moral présidé par le maréchal Mac-Mahon, le massacreur de la Commune. Cette période de recul est suivie par un bond en avant entre 1878 et 1882. La récession entre 1883 à 1888 provoque une régression des grèves, qui repartent à partir de 1888. Significativement, le 1er mai 1890 a lieu la première tentative de grève à l’échelle générale du pays.